Rencontre avec Douglas Gresham, co-producteur de la saga Narnia et fils adoptif de C.S. Lewis
Article Cinéma du Mercredi 25 Juin 2008

Par Jérémie Noyer

Nous n'avons pas attendu 1300 ans après notre première conversation avec Douglas Gresham pour lui reparler! Et ce n'était pas dans une station de métro, entourés de malles et de coffres à jouets…

Comme un guide dans l'univers plus sombre mais exaltant de Prince Caspian, le co-producteur de la saga et fils adoptif de C.S. Lewis, a accepté avec gentillesse, à quelques heures seulement de la première du film à New York, d'éclaircir pour nous avec sa perspicacité habituelle, à la fois la conception et la signification du livre et du film, comme le ferait un professeur bienveillant, ou un mentor, du style du Docteur Cornelius.
Attention! "Tout ce que vous connaissez va bientôt changer pour toujours"….



Avez vous parlé avec C.S. Lewis de Prince Caspian ?

Je ne me souviens pas avoir un jour discuté du livre en détail, mais le livre est entièrement dédié au retour de la vraie foi, de l'honnêteté, de la justice et de toutes les grandes qualités que ces idées entraînent avec elles après une longue durée de corruption (dans ce cas 1300 années), à la fois pour le pays de Narnia et bien sûr pour les personnages concernés. Un retour tel que la plupart d'entre nous a pu faire dans sa propre vie à un moment ou un autre. Il met aussi fortement en exergue que peu importe jusqu'où nous nous sommes fourvoyés, il y a toujours une seule voie pour revenir en arrière et nous devons la trouver, la reconnaître et l'utiliser.

Qu'avez-vous ressenti quand vous avez lu Prince Caspian pour la première fois? Et ensuite vu le film pour la première fois ?

J'étais très jeune quand j'ai lu pour la première fois Prince Caspian, et je me souviens simplement avoir été enchanté par l'aventure. Voir le film pour la première fois a été profondément émouvant et en même temps une très grande expérience. J'ai vu le rêve de presque toute ma vie devenir réalité, d'une façon qui dépassait même mes propres espérances.

En tant que co-producteur du film, à quelles étapes de la production avez vous été impliqué ?

En tant que co-producteur, mon rôle est un peu inhabituel dans le monde du film. Ce titre ne couvre pas réellement ce que je fais. Je suis impliqué dans toutes les facettes du film, dès le départ. Je suis l'une des différentes voix qui prend part au script, au casting, à la localisation, et à la production du film lui même, et aussi dans la création de différents produits dérivés du film, comme les jeux vidéos, et le merchandising de toute sorte. Je suis l'un de ceux concerné par le marketing et la publicité du film, etc.

Quelle part avez-vous eue dans chacune de ces étapes, quel était votre rôle ?

Je pense que je peux être décrit comme "la Nuisance de Narnia", plus que n'importe quoi d'autre! Mon rôle est de m'assurer que tout dans Narnia est réellement "Narnian", et de constamment essayer d'améliorer la qualité de chaque chose que nous faisons vers son plus haut niveau possible, ainsi que de m'assurer que chaque film contient et rapporte clairement l'essentiel du livre ainsi que sa signification sous-jacente.

Quel est votre meilleur souvenir de cette expérience ?

Je n'ai pas vraiment de "meilleur souvenir", mon esprit ne compartimente pas les choses de cette façon. L'expérience entière de création du film a été une merveilleuse et continuelle partie de la "Grande Danse" pour laquelle j'ai été mis sur ce monde.

Comment avez-vous eut l'idée d'apparaître dans Prince Caspian dans le rôle d'un caméo ?

Ce n'est qu'un jeu en vérité, mais avec l'idée de pouvoir dire au public: "vous avez-vu? j'étais réellement là". J'adore jouer et c'est toujours amusant d'être inclus dans un film, peu importe que le rôle que vous ayez soit petit.

Andrew Adamson a ajouté de nombreux nouveaux éléments à l'histoire du livre. Depuis que vous vous occupez de la succession de C.S. Lewis, comment travaillez-vous avec le réalisateur et les deux autres auteurs du script, pour faire que l'histoire soit intéressante à l'écran sans trahir l'esprit original du livre ?

Nous discutons toujours de ces sujets, et je mets mon grain de sel dans l'histoire. De nombreux points surgissent de la discussion lorsque nous sommes au tout début du développement, et ma voix est entendue et le reste de l'équipe y fait attention, de même que moi je fais attention à leurs suggestions. A la fin nous travaillons tous ensemble pour atteindre le meilleur résultat possible.

Quelles ont été les difficultés pour adapter un tel livre ?

Avec Prince Caspian, la difficulté a été de reprendre cette histoire relativement basique, basée principalement sur la narration, et de la traduire en action et en images. Dans ce cadre, nous avons eu à ajouter un certain nombre d'éléments, tout en conservant la philosophie du livre et sans jamais perdre la saveur des choses vraiment "Narniennes". Avec certains livres, le problème est de prendre des décisions déchirantes quant à ce qui doit être coupé, et dans d'autres à ce qui doit être ajouté. Prince Caspian fait partie de la deuxième catégorie.

Combien de temps avez-vous travaillé sur le film ?

Eh bien voyons voir... J'ai commencé à travailler sur le film la nuit de la première de Le lion, la sorcière blanche et l'armoire magique et depuis je n'ai pas cessé de travailler dessus!

Quelle est l'addition au livre qui vous plait le plus?

Mon rôle, bien sur!

D'où vous est venue l'idée de faire revenir la Sorcière Blanche ?

Du livre original bien sur! Nous l'avons juste prise suffisamment loin pour produire un aspect visuel qui fonctionne à l'écran,

Roger Ford (Production designer) a dit que Prince Caspian avait quelque chose de Shakespearien. Êtes-vous d'accord avec lui ?

Eh bien le fond de l'histoire est très "Hamlet". Nous avons un roi qui a tué par son frère et a usurpé le trône, et qui conspire pour tuer l'héritier légal etc. Très "Hamlet", donc, à part bien sûr le fait que Prince Caspian a une fin bien plus heureuse qu'Hamlet!

Comment voyez vous le personnage de Ripitchip ?

Ripitchip dans Prince Caspian représente le "chevalier pur", le Sir Galahad des légendes d'Arthur. En tant que co-producteur, j'ai eu mon mot à dire là-dessus comme sur la plupart des choses sur ce film, et je pense que Ripitchip est parfait. Dans L'Odyssée du Passeur d'Aurore, il devrait avoir grandi un peu en caractère si ce n'est en stature.

Avez-vous participé au choix de Michael Apted pour le prochain film L'Odyssée du Passeur d'Aurore ?

Oui, et les raisons de ce choix me paraissent évidentes. Quand vous cherchez un réalisateur, et que l'opportunité se présente de recruter une personne avec les références professionnelles de Michael, comment qui que ce soit pourrait la rater ?

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