Entretien avec Shia LaBeouf : ESI a rencontré le fils d’Indiana Jones !
Article Cinéma du Vendredi 30 Mai 2008

Drôle, sympathique, talentueux, doté d’un sens du timing comique digne des plus grands, Shia LaBeouf mérite bien son succès actuel. Steven Spielberg et George Lucas ne se sont pas trompé en pariant sur lui et en lui confiant le rôle du fils caché d’Indiana Jones. Lucas a même révélé qu’il verrait bien Mutt Willams reprendre le flambeau familial dès l’épisode 5, avec l’aide active de son papa ! ESI a eu le plaisir de parler avec Shia LaBeouf de son arrivée au sein de la famille Jones…

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Avez-vous des origines françaises ?

Oui. Mon père est Cajun. Donc une partie de ma famille est originaire de Louisiane. Ils sont très nombreux. Et là-bas, LaBeouf est un nom très répandu. Il y a même des cimetières entiers remplis de LaBeouf ! (rires). C’est une lignée familiale très sympathique. Beaucoup de Cajuns sont assez excentriques, et même carrément bizarres. Ils vivent sur des bateaux, chassent dans les marais infestés d’alligators. Ils sont très marrants. La plupart d’entre eux ne crache pas sur l’alcool ! (rires)

Connaissez-vous quelques mots de patois Cajun ?

Oui, (en français) « Laissez le bon temps rouler ! », des phrases de ce genre, qu’on dit ou qu’on chante pendant les fêtes locales.

Et quelle est l’origine de votre prénom ?

Shia signifie « cadeau de dieu ». Je suis juif et mes parents m’ont donné le prénom de mon grand père maternel. Donc si on associe mon prénom et mon nom, ça donne « Merci pour le bœuf, Dieu ! » (rires)

Vous aimez le bœuf ?

Il vaut mieux ! Je suis une publicité ambulante pour cette viande !

Je vois que vous avez un tatouage sur le poignet droit : 1986-2004. Quelle est sa signification ?

Cela correspond à mon enfance. Bien souvent, quand des acteurs commencent à travailler jeunes, on les entend dire « Oh, mon enfance est passée si vite que je ne m’en souviens presque plus ! ». Je me suis donc fait tatouer ces dates pour ne jamais l’oublier.



Vous êtes devenu l’un des jeunes acteurs les plus en vue à Hollywood avec le succès de Transformers et vous avez été dirigé par Steven Spielberg dans Indiana Jones 4. C’est un début de carrière absolument exceptionnel…

J’ai beaucoup de chance. J’ai l’impression que c’est un hasard heureux qui fait que je me trouve là. Pendant mon enfance, je vivais dans une caravane avec mes parents, sur un terrain où s’étaient réunis des tas de marginaux. Je n’étais pas vraiment destiné à travailler avec Steven. Et croyez-moi, je suis encore tout étonné de l’appeler « Steven » et non pas « Mr Spielberg ». Pendant le tournage d’Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal, il fallait presque que je me pince le bras quand j’arrivais le matin et que je disais : « Eh, salut Harrison ! » à Harrison Ford (rires). C’était fou… Vous savez, mon père n’a jamais été très intéressé par le cinéma. Il ne s’intéresse ni aux vedettes, ni aux réalisateurs célèbres. Mais quand il est venu avec moi sur le plateau d’Indiana Jones, et qu’il a vu Harrison Ford sortir le célèbre fouet d’Indy et s’entraîner avec, il est devenu fou ! Pour lui, Harrison, c’est le Steve McQueen d’aujourd’hui. Il est très fier que je joue dans ce film, et ça me fait vraiment plaisir.

Le fait d’avoir joué dans le nouvel Indiana Jones vous permet d’être classé dans une nouvelle catégorie d’acteurs, à présent. C’est un pas important de plus dans votre carrière…

Pour moi, c’est juste un travail de plus. Bien sûr, il implique beaucoup de pression, car les enjeux sont importants, mais je ne peux pas y penser dans ces termes, sinon je deviendrais cinglé ! Mais je sens tout de même un poids sur mes épaules. Je n’ai pas envie de devenir le prochain Jar Jar Binks, si vous voyez ce que je veux dire ! (rires)

Que faisaient vos parents ?

Ils ont toujours mené une vie de hippie, une existence bohème d’artistes. Ils n’avaient pas de travail précis. Ils peignaient des tableaux, chantaient, dansaient. Ils vivaient comme des rock stars ! (rires)

Ils ne vous ont donc jamais poussé à passer des examens ni à trouver un emploi dans un bureau…

Non. Tout ce qui symbolisait la vie bureaucratique leur déplaisait. Ils ne m’ont jamais dit qu’ils aimeraient que je devienne docteur ou avocat. Ils m’ont toujours encouragé à devenir un artiste.

Pourquoi êtes-vous devenu acteur ? Par accident ?

Oui. Nous vivions dans une caravane, à Echo Park, et mes parents étaient fauchés. J’ai eu l’occasion de prendre un petit job d’acteur dans une pub, et ça m’a permis de gagner un peu d’argent et d’aider ma famille. J’ai obtenu ensuite un rôle dans une série qui s’appelle Even Stevens, pour laquelle j’étais salarié, et c’est de cette manière que je suis devenu acteur professionnel. Mais je n’ai vraiment fait de progrès dans ce métier qu’après avoir rencontré Jon Voight. Jon a changé toute ma vie. Sans lui, je n’aurais pas obtenu le rôle de Mutt Williams dans Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal. Il m’a fait comprendre ce qu’était vraiment la magie de l’art de la comédie. Il m’a fait lire des livres que je n’aurais jamais lu, m’a donné à voir des films comme Blackboard jungle (Graine de violence Richard Brooks 1957) que je n’aurais jamais eu l’idée de voir, et qui m’a servi de référence pour Mutt. Il m’a ouvert les yeux. Il n’en fait pas grand cas. Quand on lui parle de ça, il se contente de dire « Oh, j’ai juste expliqué un ou deux trucs au gamin. », mais en fait, c’est bien plus que ça. Il a vraiment été un mentor formidable. Il m’a fait comprendre la différence qui existe entre votre propre personnalité et la performance que l’on doit créer pour devenir un personnage complètement différent de vous. Il m’a également expliqué comment utiliser son énergie pendant un tournage, comme faire passer des choses en dehors du texte, comment créer des petites ambiguïtés, des mystères.

Vous êtes donc à la base un autodidacte, vous avez appris par vous même, puis avec l’aide de Jon Voight…

Oui, je n’ai jamais suivi de cours de comédie. C’est bien la raison pour laquelle je n’aurais pas dû me retrouver dans Indiana Jones 4 !

Vous êtes de toute évidence un talent naturel.

Mais non, vous exagérez ! C’est surtout une question de chance et de circonstances.

Etiez-vous un fan de longue date d’Indiana Jones ?

Oh oui. Pour moi, c’est vraiment la série de films la plus géniale qui ait jamais été faite !

Maintenant que vous avez rencontré Indiana Jones « pour de vrai »,et que vous êtes devenu son fils, quels autres rêves d’enfance vous reste-t’il à accomplir ?

Devenir conducteur de train ! (rires) Sérieusement, les métiers qui me fascinaient alors n’avaient rien d’exceptionnel…Je rêvais aussi de réparer des motos, simplement parce que ça me semblait être un job inaccessible. C’est de cela dont on rêve : des choses inaccessibles.

Certaines scènes comiques d’Indiana Jones décrivent Mutt comme un rebelle. Quel genre d’ado étiez-vous ?

Un ado un peu fou et gaffeur, mais j’ai fini par me corriger. Je veille à avoir un comportement respectueux et poli. Et aussi à rester moi-même. Au moment où je vous parle, je ne suis pas en train de jouer un rôle. C’est le vrai « moi » qui parle. Mais en même temps, je sais qu’il faut que je fasse attention à ne pas dire de gros mots devant les journalistes, car j’ai vu que les propos que l’on tient peuvent être déformés et se retourner contre vous. Quand on fait ce genre de métier, on est constamment pris en étau entre deux attitudes : rester naturel d’un côté, et faire terriblement attention à tout ce que l’on dit et fait, de l’autre. C’est le paradoxe de ce phénomène de médiatisation. J’ai ressenti ça aussi pendant mon enfance, cette obligation de faire attention à son attitude. C’était une enfance relativement normale, malgré tout. Mais à côté de ça, à 13 ans, j’étais payé pour me battre avec d’autres enfants en jetant de la nourriture, ce qui n’arrive pas vraiment dans la vraie vie ! Par moment, c’était vraiment étrange.

Préférez-vous connaître le script d’un film par cœur pour avoir une perspective globale du film, ou préférez-vous apprendre scène par scène, et improviser comme si vous ne saviez pas ce qui allait se passer dans la scène suivante ?

Tout dépend du film. Ça change à chaque fois. Dans Bobby, c’était différent, dans The greatest game, qui se passe au début du siècle, j’aurais été incapable d’improviser des dialogues, car il aurait fallu que j’aie une parfaite connaissance du contexte historique de cette époque. Dans le cas du Royaume du Crâne de Cristal, le script a été développé pendant 15 ans. Je ne crois vraiment pas que mes petites idées sur les dialogues auraient pu améliorer les choses ! (rires)



Qu’est-ce qui vous a surpris dans votre collaboration avec Steven Spielberg ?

Steven prépare les choses à l’avance avec un soin impressionnant. En un sens, le film est déjà fini avant que le tournage ait commencé ! (rires) Toutes les séquences du film avaient déjà été animées en 3D schématique avant que les acteurs arrivent sur le plateau. Vous pouviez donc vous asseoir dans un fauteuil et voir tout Indiana Jones et le Royaume du Crâne de Cristal avant même que la première scène ait été tournée ! Tout a été storyboardé. Certains réalisateurs façonnent leurs films sur le plateau, tandis que Steven crée d’abord le film dans son esprit.

Est-ce que Harrison Ford à vraiment fait beaucoup de cascades lui-même ?

Oui, il les a exécutées lui-même dans la plupart des cas. Harrison est capable de faire des trucs incroyables. J’avais souvent du mal à croire qu’on le laisse prendre de tels risques ! C’était fou ! Je peux vous assurer que le coordinateur des cascades était extrêmement nerveux pendant le tournage ! Il regardait Harrison s’élancer pour répéter une cascade, alors que sa doublure était juste à côté, portant le costume d’Indy, prête à le remplacer, et il lui disait « Harrison, tu ne devrais pas faire ça…Non, vraiment, tu ne devrais pas ! » (rires). Vous auriez du voir comment il se rongeait les sangs ! Et Harrison lui disait « Ne t’en fais pas Gary, je vais assurer ! ». Harrison est vraiment LE mec dans toute sa splendeur. Pas question de montrer la moindre faiblesse. Du machisme à l’état pur ! Il saute d’un hélico sur une moto, il s’exerce avec son fouet, c’est hallucinant ! En fait, il n’y a pas tellement de différences entre Indiana Jones et Harrison dans la vraie vie. Vous savez ce qu’il fait en dehors de ses heures de travail ? Il sauve des boys-scouts ! (rires) C’est la stricte vérité ! (NDLR : Harrison Ford pilote un avion privé, et il lui est déjà arrivé plusieurs fois de porter secours à des personnes en perdition). Harrison est un superhéros dans la vraie vie !

Il a pourtant 66 ans à présent…

Oui, mais à moins de le savoir, c’est impossible de le deviner en le regardant. Il fait des cascades que je serais totalement incapable de faire, alors que j’ai 21 ans !

Justement, avez-vous fait aussi vos propres cascades ?

Oui, tous les acteurs qui jouaient dans Indiana Jones 4 ont fait leurs propres cascades, dans la limite de ce qui était raisonnable, bien sûr. On ne nous a pas laissé nous tuer ! En ce qui me concerne j’ai dû aussi me préparer un peu à l’avance. Steven et George voulaient que Mutt utilise un couteau à cran d’arrêt, et j’ai donc dû apprendre à m’en servir, à le manipuler et à jongler avec, comme on le voit dans le film. Je participais à la tournée de promotion de Transformers dans le monde entier juste avant le tournage d’Indy 4, et j’ai été contraint de cacher les couteaux avec lesquels je m’entraînais dans mes valises ! (rires)

Recevez-vous des lettres de fans ?

Oui, mais je ne les lis jamais. Il faut se préserver de ce cirque de la célébrité, ne pas tomber dans ce panneau. Si je commence à lire ces lettres, ça va me tourner la tête et me chambouler, et je n’ai pas du tout envie de ça, de toute cette pression de la célébrité. Ça m’étonne encore que des journalistes viennent me voir et me posent des questions !

Vous ne lisez donc pas les articles qui vous sont consacrés ?

Non. Je regarde simplement les films quand j’assiste aux premières, et il m’arrive de lire certaines critiques dans des magazines professionnels, mais c’est tout. Et encore, quand je me vois sur un écran, je me regarde en train de mentir, en train de prétendre être quelqu’un d’autre, et je n’y prends pas un plaisir particulier.

[Entretien avec Harrison Ford]


[Le grand retour de la fiancée d’Indiana Jones : Entretien avec Karen Allen]


[Les coulisses d'Indy 4 : Le retour de la grande aventure !]


[Un an d'actualités sur Indiana Jones 4]


[Les effets spéciaux de la saga Indiana Jones]


[Le tour du monde des attractions Indiana Jones]


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