[Flashback] Entretien exclusif avec Tron, alias Bruce Boxleitner !
Article Cinéma du Dimanche 10 Juin 2018

En 2011, l’acteur évoquait pour ESI ses souvenirs du tournage de Tron et sa participation à Tron l’héritage...

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Pouvez-vous évoquer vos souvenirs de Tron, en 1982, et nous dire ce que vous avez ressenti en tournant dans Tron l’héritage  ?

Pour commencer, j’aimerais dire qu’après avoir vu Tron l’héritage  , je crois que ce film pourra certainement captiver tous les spectateurs, même ceux qui n’ont jamais vu Tron. Mais je ressens une certaine fierté d’avoir été impliqué dans l’origine de cette saga. Le tournage de Tron remonte à si loin – je n’arrive pas à croire que cela fait déjà 27 ans ! – que les effets visuels et sonores ont accompli des progrès phénoménaux depuis. Quand nous travaillions en 1982, c’était pratiquement « l’âge de pierre » des images 3D, même si nous utilisions alors les techniques les plus perfectionnées qui étaient à notre disposition. Même les costumes sont infiniment plus sophistiqués et plus impressionnants dans ce nouvel épisode. En 82, mon costume était constitué d’un justaucorps en Lycra sur lequel on avait tracé des lignes avec un feutre noir indélébile, ainsi que d’un casque de Hockey sur glace et d’une armure de motocross, repeints et modifiés ! Et pendant les scènes d’action, je lançais un simple frisbee acheté dans un magasin de jouet. Il n’avait rien à voir avec les superbes disques lumineux avec éclairage led intégré qui ont été fabriqués pour Tron l’héritage . Le point commun que je vois concernant les deux tournages, ce sont les scènes tournées sans décors, sur fond blanc en 1982, sur fond bleu ou vert pour Tron l’héritage , afin de filmer les scènes qui se déroulent dans le réseau, dans le monde de Tron. En ce qui nous concerne, nous les vétérans, nous nous sommes lancés dans cette aventure à l’époque, sans être sûrs à 100% de ce que nous devions faire. J’ai parlé de tout cela avec Steven Lisberger, il y a quelques minutes, et il m’a dit « Toi, Jeff Bridges et tous les autres acteurs, vous étiez tellement sérieux, tellement professionnels pendant le tournage de Tron. C’était vraiment un plaisir de réaliser un film avec un tel casting. » Je lui ai répondu « Quoi ?! Mais tu ne te souviens pas à quel point, Jeff, Cindy, David Warner et moi nous étions toujours en train de plaisanter et de semer la pagaille sur le plateau ?! » (rires) Même si j’exagérais un peu en lui disant cela, je dois dire que je n’ai gardé que de bons souvenirs de ma participation à ce film. Et aujourd’hui, je suis très heureux de faire partie de la suite de la saga. Je crois que Tron l’héritage  va être formidable.

Puisque vous réapparaissez non seulement en tant que Alan Bradley mais aussi en tant que Tron dans Tron l’héritage , pourriez-vous nous décrire le processus qui a été utilisé pour vous rajeunir numériquement ?

C’était une expérience toute nouvelle pour moi. J’ai tourné une séquence de flashback, dans laquelle intervient aussi le jeune Sam Flynn. Au préalable, j’ai dû m’asseoir dans une sphère spéciale, où j’ai pris une par une toutes les expressions faciales que vous pouvez imaginer : sourire, moue, tristesse, stupeur, etc. Tout autour de moi, dans cette sphère brillamment éclairée, à l’allure d’OVNI, il y avait des appareils photos qui prenaient simultanément des images sous tous les angles de mon visage, à chaque nouvelle expression. C’est la synthèse de tous ces points de vues qui leur a permis de reconstituer les mouvements des muscles de mon visage et de ma peau en 3D. Par la suite, pour tourner la scène de flashback, j’avais des points dessinés partout sur le visage. Je me souviens que les visiteurs qui venaient sur le plateau, à Vancouver, me regardaient avec un drôle d’air, en se demandant à quoi rimait ce maquillage absurde. Il faut dire que je portais aussi une perruque brune, ce qui était la couleur de mes cheveux dans les années 80, ainsi qu’une petite caméra fixée sur un support, et braquée sur mon visage. Avec un tel look, je ne passais pas inaperçu ! C’est l’équipe qui a conçu les formidables trucages de L’étrange histoire de Benjamin Button qui a recréé mon visage des années 80, pour le « coller » sur le mien en post-production. J’ai trouvé ce procédé vraiment stupéfiant.

Avez-vous eu le sentiment de faire un voyage dans le temps, à certains moments, en vous retrouvant dans cet univers familier ?

C’était très étrange et plaisant à la fois. Un peu comme si j’étais passé dans une distorsion de l’espace-temps, dans un « Trou de ver », comme les astrophysiciens de la NASA appellent cela. Ou au travers du miroir d’Alice au pays des Merveilles dans De l’autre côté du miroir. C’est extrêmement difficile d’exprimer ce que j’ai ressenti pendant le tournage, tout comme ce sentiment d’anticipation et d’excitation que je ressens aujourd’hui, en parlant du film avec vous, et avec l’équipe du film. Quand Tron est sorti en salles en 1982, il a eu un certain succès, puis je me suis mis à travailler sur plusieurs séries télévisées. Sur le moment, je n’ai pas prêté une attention particulière à ce film, c’était un job parmi d’autres. Puis au fil du temps, je me suis rendu compte qu’il avait marqué beaucoup de gens, et ce phénomène s’est amplifié avec la sortie de Tron en vidéo, et ses rediffusions à la télévision. Et me retrouver ici aujourd’hui pour en parler, et sentir une fois encore comment il a eu une résonance en tant de gens, est très émouvant. On m’a demandé de dédicacer des posters, des photos et des produits dérivés de Tron partout dans le monde pendant ces 27 dernières années. Pour moi, le titre Tron l’héritage  a vraiment du sens. Cela représente une partie de ma vie, et des contacts privilégiés avec d’innombrables spectateurs. Et regardez l’impact qu’à eu Tron sur les musiciens de Daft Punk : si je ne me trompe pas, le film les a tellement marqué qu’ils ont même conçu certains de leurs costumes de scène à partir de ceux que nous portions, avec des bandes lumineuses colorées. Et d’après ce que Joe Kasinski m’a raconté, ils se sont battus pour faire la musique de Tron l’héritage  . Ils ont posé leur candidature, se sont démenés en préparant une véritable campagne électorale, et c’est ainsi qu’ils ont réussi à persuader Disney et à être choisis pour composer la bande originale de ce nouvel épisode ! Ils ont ainsi « bouclé la boucle » et sont désormais partie intégrante de cet univers qui les avait tant inspirés dans leur jeunesse.

Comment pensez-vous que les spectateurs d’aujourd’hui qui ne connaissent pas le film original vont réagir en découvrant Tron l’héritage  ?

Je crois que les premières images du film vont les intriguer et qu’ils auront envie d’en savoir plus. Comme je vous le disais en préambule, on peut tout à faire suivre et apprécier l’univers de Tron l’héritage  sans avoir vu Tron. Et je n’imagine pas une seule seconde que les jeunes spectateurs d’aujourd’hui, qui sont passionnés par la Science-Fiction et par les jeux vidéo puissent ne pas aimer Tron l’héritage  ! Je vais même vous promettre une chose : s’ils ne vont pas voir le film , je démissionnerai et je prendrai ma retraite ! (rires)

Explorez l'univers de Tron L'Héritage :

[Preview : Tron L'Héritage – Bienvenue dans le monde numérique ]


[La critique ESI : Tron l’héritage, une suite qui tient ses promesses]


[Entretien exclusif avec Steven Lisberger, scénariste et réalisateur de Tron et producteur de Tron l’héritage]


[Entretien exclusif avec Eddy Kitsis & Adam Horowitz, les scénaristes de Tron l’héritage]


[Entretien exclusif avec Joseph Kosinski, réalisateur de Tron l’héritage]


[Entretien exclusif avec Steve Preeg, superviseur de l’animation, et Eric Barba, superviseur des effets visuels au sein du studio Digital Domain]


[Entretien exclusif avec Christine Bieselin Clark, co-créatrice des costumes spéciaux]


[Entretien exclusif avec Daniel Simon, designer des véhicules]


[Entretien avec le comédien James Frain, alias Jarvis]


[Entretien avec l'actrice Beau Garrett]


[Tron - Les pionniers des images de synthèse]


[En discuter sur le forum]
Bookmark and Share


.