J'ai vu
Wolfman et j'ai relativement adoré. En revanche, je suis surpris par les critiques que je lis et qui décrivent le film comme extrêmement classique et sage

. J'ai au contraire perçu celui-là comme anti-conventionnel au possible et quasi-expérimental.
Au début, le film est en effet hyper classique. Presque trop.
Prologue, semblant de voix-off, flashs-backs un peu foireux, réalisation proprette, tout y est. La violence est énormément suggérée (on ne voit le corps meurtri de Benjamin qu'une demie-seconde à tout casser). Le réalisateur distille doucement des éléments d'intrigue et on sent venir la solution du mystère à dix kilomètres. On imagine que tout cela va durer jusqu'à une grande révélation finale dans laquelle le spectateur va être tenu par la main.
Bref, on commence à se lasser sévèrement (par "on", comprenez "je").
Tout à coup, à peine à la moitié du film, toutes les réponses aux questions doucement instaurées pendant la première partie du film sont données en 1min chrono comme si on parlait de la météo. S'ensuivent des plans en ultra-grand angle, des scènes complètement envoûtantes et psychotiques (le délire pendant la torture) ainsi que des scènes extrêmement gores, qui nous frappent d'autant plus violemment qu'on ne les attendait absolument pas.
En bref, le film délaisse l'intrigue familiale bateau pour verser dans le pur film psychologique et le film d'ambiance. Quel bonheur de voir alternés des effets-spéciaux physiques franchement old school et de la 3D de pointe ! Quel bonheur de voir des matte-paintings élaborés à côté de décors volontairement "studio" (notamment la forêt, on ne peut plus frankensteinisante) !
SPOILERS:
La bataille finale entre Hopkins et Del Toro est hallucinante de rythme, de violence et d'anti-conformisme. Du cut et du débullé à tout va avec deux grosses boules de poils tout en maquillage. Quant à la fin, on a le droit à une petite feinte de happy end... et puis non. Un coup de feu, un plan sur la lune, aucun épilogue et un générique qui déboîte. Le plaisir absolu.Les affiches annonçaient un grand film sage, loin du côté psychotique de l'oeuvre. Et tant mieux.
J'ai l'impression que Johnston s'est dit: "Ils veulent un film à la Van Helsing ? Ils vont voir ce qu'ils vont voir, je vais leur coller une bonne grosse feinte." En tout cas, je suis vraiment heureux que même avec un budget monstrueux, on puisse quand même faire des oeuvres personnelles, référentielles... et COUILLUES.
Bref, je pense à tous ces pré-ados qui ne vont pas comprendre ce qui leur arrive... et j'en rigole d'avance

.