Kira Kitsopanido Les tentatives d'introduction du relief dans les années 50 aux USA
Avant de parler des années 1950, on doit parler des tentatives précédentes. L’histoire a retenu Bwana the devil [Bwana le diable] comme le premier long métrage commercialisé en relief de l’histoire du cinéma. Les films en stéréoscopie était, avant cette date surtout des expériences de laboratoires.
Mais d’autres tentatives ont eu lieu avant. On suppose que la toute première exploitation commerciale de films en relief est due à Edwin S. Porter. Il s’agissait alors de 3 courts-métrages.
Dans les années 1920, des séquences courtes en relief étaient projetées en complément de programme. En 1925, une première vague d’engouement se dessine.
Le premier long-métrage en relief diffusé aux USA fut The Power of Love (1922), réalisé par Nat G. Deverich et Harry K. Fairall. Ils utilisent une caméra à 2 objectifs pour le tournage et 2 projecteurs synchronisés pour la projection (anaglyphe, donc avec une image rouge et une image verte). Il est possible aussi, bien qu’on en ait pas la trace, que les 2 images aient pu être imprimées de chaque côté de la même pellicule.
Décembre 1922, commencent les premières exploitations commerciales de films en reliefs avec Movies of the Future et Through the Trees.
En 1923, Laurence Hammond équipe un cinéma avec son système Teleview fonctionnant avec 2 projecteurs synchronisés munis d’obturateurs, ainsi que des appareils de vision individuels fonctionnant en synchronisations avec les projecteurs. L’accueil critique et publique n’est pas très enthousiaste, et les projection s’arrêtent au bout de 25 jours. La séances se composait d’un film d’ombres chinoises, d’un documentaire et d’un moyen métrage de SF M.A.R.S..
M.A.R.S. ressortira en salle en version plate remaniée sous le titre Radio-Mania.
Les années 1930 subissent les effets secondaires de la dépression, avec chute de la fréquentation des salles, et donc peu d’investissement des studios dans la 3D.C’est cependant dans cette période qu’est mis au point le système à filtres polarisants.La consommation de films en relief reste principalement marginale.
En 1935, Jacob Leventhal et John Norling créent une caméra filmant en relief et le film Audioscopiks sort la même année, produit par la MGM et se trouve même nommé aux oscars. Ils seront suivis 3 ans plus tard de The New Audiscopics.
La MGM, en 1941 produit Third Dimensional Murder, avec Pete Smith, la voix des audiscopics, en relief et en technicolor, qui est une comédie et un film d’horreur.
Après la guerre, le relief connaît un boom. Il faut en chercher l’origine au Royaume-Uni, où en 1951 a lieu le festival Télécinéma, où sont projetés 3 films en relief :
Now it is time to wear your glasses, de Norman Mac Larren, Around is Around, toujours de Mc Larren, A solid explanation de Peter Buffors, ainsi qu’un documentaire en Technicolor trichrome.
C’est le moment de l’exploitation du système Natural Vision in 3D, se composant d’un écran avec revêtement aluminium, de deux projecteurs avec filtres polarisés ainsi que des paires de lunettes, pour les spectateurs. Mais à Hollywood, à l’exception notable de la MGM, l’accueil est assez défavorable.
En 1952, Arch Oboler commence le tournage d’un long-métrage en relief, son monophonique et couleur. Le film sera rebaptisé Bwana le diable pour sa sortie en salle, distribué par United Artists.
Les différents studios cherchent à faire breveter leur propres systèmes. De nombreux projets de film en relief voient le jour, basés sur des films anciens. La Paramount lance le tournage de Sangaree, en technicolor et en écran large, moins de trois mois après la sortie de Bwana le diable, mais le film de la Columbia (en noir et blanc) sortira avant : Man in the Dark [J’ai vécu deux fois].
La 10 avril 1953 la Warner distribue (n’est pas le producteur du film comme on le croit souvent) The House of Wax [L’homme au masque de cire] (Note de MOA : voir compte-rendu plus haut). Tout comme Man in the Dark, il s’agit d’un remake d’un film des années 1930. Dans la foulée, La Warner annonce 22 films en relief (sur lesquels seulement 5 verront le jour).
Universal sort It Came from Outer Space [La météore de la nuit] de Jake Arnold le 26 mai.
Projection de la bande annonce du film On remarque que l’accent est mis sur le confort visuel du spectateur, mais aussi que ceux qui iront voir la version plate en auront aussi pour leur argent.
Disney produit le dessin animé Melody, distribué en salle par la RKO la même semaine.
La Fox sort Inferno à la fin de l’été. Pour le film The Robe [La Tunique] de Henry Koster, certaines séquences furent même tournées en relief.
Tout ceci ne s’est déroulé que sur un an, on note un fort nombre de films à petits budgets, et que tous ces films ont connu une distribution en version plate.
The Moonlighter sort en septembre 1953. En octobre la distribution de films s’affaiblit, pour rebondir en novembre.
Kiss me Kate [Embrasse-moi, chérie], produit par la MGM et Hondo [Hondo, l’homme du désert] en couleur, pour les 2 et son stéréo, pour le premier, mais si les recettes sont considérables, elles restent inférieures à celles de The House of Wax.
Fin décembre 1953, sort Miss Sadie Thompson [La belle du Pacifique].
En 1954, la Warner produit Phantom of the Rue Morgue [Le Fantôme de la rue Morgue] et la Parmount Money from Home [Un galop du diable], qui sont en couleur, mais le son est seulement monophonique. Les recettes sont malgré tout supérieures à ceux des films Hollywoodien standards.
En 1954, Hitchcock tourne Dial M for Murder [Le crime était presque parfait] en 3D, mais le film ne sera distribué qu’en 2D. Il faudra attendre les années 1980 pour que les spectateurs découvrent le film en relief.
Ce qui fut l’âge d’or du cinéma en relief est aussi un échec. Les premières raisons avancées furent la mauvaise qualité des films et leurs faibles résultats au box-office.
Les raisons invoquées dans la presse furent la mise en avant du format Cinémascope, la mauvaise qualité des lunettes, la politique opportuniste des studios et que le public boude la 3D.
Le format Scope était présenté comme « A miracle without glasses ».
Mais la mauvaise qualité des lunettes n’est pas seule responsable. Les écrans n’était parfois que de simples écran recouvert d’un enduit aluminium de mauvaise qualité, en raison du coût des équipements pour les salles. Les filtres polarisants des projecteurs étaient inefficaces et dégageaient de mauvaises odeurs. Les copies s’usaient rapidement, perdant ainsi leur synchronisation.
De plus, les sujets les plus propices étaient la SF et l’horreur, attirant des producteurs de série B avec des films de genres, donc du cinéma indépendant et des petits studios. Accusé également de voyeurisme et de vulgarité.
Les exploitants ont exigé que le film 3D leur soit vendu au même prix qu’un film en 2D, et que le coût des équipements soit à la charge des distributeurs. (Note de MOA : de nos jours, en France, c’est en partie les distributeurs qui financent l’équipement numérique des salles…)
Un système de projection avec une seule copie fut mis au point afin de réduire les coûts, avec une tête spéciale de projecteur. Malheureusement, ce système était incompatible avec l’autre…
1954, d’autres stratégies furent exploitées par les studios, ils misèrent sur l’écran large et le scope pour se différentier de la télévision, laquelle s'essaiera aussi au relief à la période.