par furylion » Ven 12 Juin 2009 - 21:50
JEAN-PIERRE BERTHOMÉ « L'organisation des studios à la période classique hollywoodienne. »
En préambule, il nous a précisé que l’intitulé ci-dessus était quasiment impossible à traiter en ½ heure. La période classique hollywoodienne se situe grosso modo entre 1925 et 1955 : en trente ans, le système a subit de profondes mutations. De plus, il n’est pas homogène à la base.
Par exemple la MGM, emploie un seul homme au poste de chef du département décor, Cédric Gibbons, qui a imprimé les décors des films de sa pâte. A l’inverse la Warner n’a pas de supervising director, mais emploie un grand nombre de décorateurs. De plus, leurs décors s’opposent aussi esthétiquement et économiquement. Pour faire simple : les décors de la MGM sont de grands décors, luxueux et difficiles à éclairer, alors que ceux de Warner sont petits, peu chers et faciles à éclairer. Si l’on a besoin d’une maison, on la construira entièrement à la MGM, tandis qu’à la Warner on n’en construira que trois morceaux.
Ceci est évidemment un portrait brossé à grands traits, mais il recoupe une certaine réalité.
A la Paramount, il y a un supervising director, Hans Greier, qui s’adapte au metteur en scène, le plus souvent actionnaire du studio : Lubitsch, Sternberg, DeMille…
Universal emploie 6 directeurs sur la même période, et chacun d’eux imprimera un style différent. Il s’agit de décors fauchés.
On a oublié, aujourd’hui, que ces studios étaient avant tout des lieux géographiques. Ainsi Universal possédait 70 hectares de terrains, et Fox 150, pour donner une échelle de grandeur.
Ces hectares comprenaient les bâtiments administratifs, mais surtout les plateaux et les terrains. Ils possédaient également, des ranchs de plusieurs centaines d’hectares, avec tous les décors naturels pour tourner des western, par exemple.
Ils dépensaient énormément d’argent pour modifier le paysage. Par exemple, la MGM, à San Fernando Valley a aménager une rizière grandeur nature pour les besoins du film Dragon Seed (les fils du dragon) 1944. Il est évident que ce travail colossal est destiné à resservir, donc la MGM a entretenu le décor pendant des années, et s’en est servit pour d’autres films.
La Fox avait fait construire une station de métro new-yorkaise, qu’elle utilisait dans ses films et louait à d’autres studios. Elle avait également un quartier de Chicago et un village pyrénéen, qui apparaît dans The Song of Bernadette, d’Henry King (1943).
Pour les besoins du film Quelle était verte ma vallée, de John Ford (ce n’est pas un western !) en 1941, la Fox a bâtit un village minier et sa mine grandeur nature. 2 ans après on la revoit dans le film The moon is done, dans un village minier…en Norvège. Le décor a été maquillé, les maisons ont été recouverte de bois et de neige, mais gardent la même disposition : on y retrouve ainsi la même route en virage qui mène à la mine.
Hollywood croit en la pérennité de son industrie, il ne travaille pas pour un film, mais pour l’éternité. Les décors sont rentabilisés de film en film.
Par exemple, l’escalier de La splendeur des Amberson, d’Orson Welles (1942)se retrouve dans La Féline de Tourneur (1942), diminué d’un étage. Il est même probable que l’escalier n’ai pas bougé de place, mais que le décor ait été construit autour de lui, car les tapisseries sont les mêmes.
Pour Marie-Antoinette, de Van Dyke, la MGM s’est lancé dans l’achat massif de mobilier français du XVIIIème siècle.
La Warner possédaient 2 bateaux permanents, un bâteau pirate et un navire marchand depuis L’aigle des mers, de Michael Curtiz (1940).
Malheureusement, les studios mettront leur biens aux enchères en 1968.
En ce qui concerne la répartition des tâches, elle se déroulait comme suit :
-creative : producteurs, réalisateurs, scénaristes et dans une certaine mesure les acteurs
-business : administration, pub aspect techniques, art and grafting (conception et dessin)…
Ainsi le département de création des décors, est étanches avec les autres départements, entre autre avec les effets spéciaux. Un projet est sous l’autorité d’un producteur, ce qui industriellement efficace.
Une nouvelle fonction fut crée pour Autant en emporte le vent et reprise par la suite, un production designer, bras droit du producteur, et supervise les aspects techniques.
Il a conclu que le numérique n’était qu’un outil, et qu’un décor est avant tout le résultat d’une pensée et qu’un changement d’outil ne signifie pas un changement de façon de penser.