J'ai eu le plaisir de le voir récemment, avant d'interviewer les deux réalisateurs : vous pourrez lire cet entretien sur ESI début Août
ANZU, CHAT FANTÖME est une coproduction franco-japonaise, entre la fameuse TOHO et la société de production de chez nous MIYU.
- anzu chat fantome-1.jpg (72.12 Kio) Vu 1656 fois
Voici le lien de la bande-annonce japonaise, pour vous donner un rapide aperçu de l'ambiance charmante et des personnages surnaturels du film. L'héroïne du film, Karin, est une adolescente un peu perdue après un deuil, et qui est accueillie par son grand-père à la campagne. Voici le synopsis :
"Karin, 11 ans, est abandonnée par son père chez son grand-père, le moine d’une petite ville de la province japonaise. Celui-ci demande à Anzu, son chat-fantôme jovial et serviable bien qu’assez capricieux, de veiller sur elle. La rencontre de leurs caractères bien trempés provoque des étincelles, du moins au début..."
https://youtu.be/uBafzv6CHeo?si=D3kQgs8NT7xcufQP
Pour les amateurs de folklore nippon, je précise que ces êtres fantastiques sont des yokais, des entités paranormales qui prennent toutes sortes de formes. Anzu lui-même est un personnage imprévisible mais attachant, que l'on apprécie autant pour ses défauts que pour ses qualités.
Ce qui m'a particulièrement plu dans cette histoire (qui est la transposition d'un manga), c'est l'habileté avec laquelle le fantastique est mêlé à la vie quotidienne des personnages.
Tout cela parait parfaitement naturel, et donne un charme très particulier au film. Nous reviendrons sur les influences des deux cinéastes dans leur interview, mais ce qui est intéressant, c'est que l'un vient du cinéma en prises de vues réelles, et l'autre de l'animation. Techniquement, le film a d'abord été filmé avec des acteurs jouant tous les rôles (humains et yokais) puis on a utilisé le procédé de la rotoscopie pour retracer leurs mouvements en les transposant en animation. Et cela fonctionne très bien artistiquement.
Bref, j'ai été vraiment enchanté par cette histoire, ces personnages et ces ambiances, dont l'approche franco-japonaise divertit sans jamais tomber dans les clichés répétitifs des films d'animation américains trop souvent standardisés.
Voici le communiqué de MIYU sur la coproduction du film :
"Depuis 2017, Miyu a établi une collaboration soutenue avec le Japon, notamment grâce à un partenariat avec la société New Deer et son fondateur, Nobuaki Doi. L'objectif était alors de créer un pont entre les deux pays pour encourager la production de films de cinéastes indépendant.e.s japonais.es. Malgré la reconnaissance dont ils.elles faisaient preuve à l’international, ils.elles n’auraient pu réaliser leurs nouveaux films sans une coproduction avec la France. En effet après la réalisation d’un ou deux courts métrages, faute de soutien à la création au Japon, les réalisateur.ice.s indépendant.es passent généralement à la réalisation d’œuvres de commandes ou entre comme technicien.nes dans les studios d’animation, pour ne revenir que très rarement à la réalisation.
Cette collaboration a conduit à la coproduction de 7 courts métrages réalisés par des cinéastes indépendants reconnus dans le domaine de l'animation et lors de grands festivals internationaux tels que Cannes, Berlin et Annecy. Ces films n'auraient pas pu voir le jour sans une coproduction avec la France. Cette collaboration a également permis de co-produire le premier long métrage du grand maître de l'animation indépendante japonaise, Koji Yamamura, Dozens of Norths, qui a été primé à Annecy et à Ottawa.
Alors que nous étions en train d’envisager la coproduction d’un court métrage de la réalisatrice Yoko Kuno, nous avons été contacté par Shin-Ei Animation qui voulait nous parler d’un projet de long métrage, Anzu , Chat Fantôme, co-réalisé par Yoko Kuno elle-même et Nobuhiro Yamashita, un des cinéastes de prise de vue réelle les plus importants de la jeune génération du cinéma japonais indépendant.
Travailler avec un grand studio japonais est une rare opportunité, étant donné que l'industrie de l'animation japonaise est principalement axée sur le marché domestique. La collaboration avec Shin-Ei Animation est née de la difficulté de faire exister au Japon des films ne s’inscrivant pas pleinement dans les standards du marché japonais. Faisant face au défi de financer Anzu, Chat Fantôme, l’équipe de Shin-ei a décidé de se tourner vers l’international, afin de trouver un relais de financement et d’influence, mais aussi de s’appuyer sur des visions artistiques différentes et complémentaires. Cela démontre une volonté d'ouverture au marché international dans un contexte de révolution apportée par la diffusion non-linéaire, mais surtout, que ce type d’animation d’art et d’essai ne peut être financé uniquement au Japon, où le marché est la règle. La collaboration avec Miyu a pu donc prouver que le film pouvait intéresser le marché international, via l’implication de partenaires comme Diaphana, Charades et Gkids, plus important distributeur étatsunien d’animation indépendante, notamment de tous les films du studio Ghibli.
Dès les premiers échanges artistiques, Shin-Ei Animation a confié à Miyu un rôle majeur dans le développement du scénario et de l'univers graphique du film. Cette marque de confiance se traduit par la direction artistique, la conception des décors et le compositing, tous assurés par Miyu. Pour ce faire, Miyu s’est appuyé sur Julien de Man, qui a apporté son expertise acquise sur des productions telles que La Tortue rouge, L'invasion des Ours en Sicile et Saules aveugles, femme endormie. Ce choix de Shin-Ei de confier ces responsabilités à Miyu illustre leur volonté, comme le souligne Yoko Kuno, de "faire progresser l'animation japonaise en proposant de nouvelles approches".