Entretien exclusif avec Garrett Hedlund, alias Sam Flynn dans Tron l’héritage
Article Cinéma du Mardi 31 Mai 2011

A l'occasion de la sortie de Tron et Tron l’héritage en DVD et Blu-ray le 9 juin, découvrez une nouvel entretien consacré au film...

Âgé de 26 ans, Garrett Hedlund s’est d’abord fait remarquer dans le péplum Troie (2004 – Wolfgang Petersen) et le thriller sur fond de vengeance Quatre frères (2005 – John Singleton). Après une apparition dans Eragon (2006 – Stefen Fangmeier) et dans le film policier Death Sentence (2007 – James Wan), Hedlund accède à son premier rôle principal dans Tron l’héritage . On le retrouvera cette année dans l’adaptation du célèbre roman de Jack Kerouac Sur la route, dirigée par Walter Salles.

Propos recueillis et traduits par Pascal Pinteau

Quand vous avez signé votre contrat pour participer au film, vous attendez-vous à ce que les effets visuels soient aussi révolutionnaires ?

Non. Quand j’ai rencontré Joseph Kosinski, le réalisateur, et Sean Bailey, le producteur, ils m’ont montré les effets visuels qui avaient été créés pour la bande démo de présentation du projet. Quand j’ai vu ce qu’ils avaient conçu, j’ai été très impressionné. Je n’arrivais pas à croire qu’ils aient réussi à créer un nouvel univers aussi fascinant. Ensuite, quand je me suis plongé dans la préparation du film, puis dans le tournage proprement dit, je n’ai plus pensé à l’aspect « effets visuels », je me suis concentré sur mon travail et sur le rôle que j’avais à jouer. Je pense que ce n’est que maintenant, plusieurs mois après la fin du tournage, que je commence à avoir assez de recul pour me rendre compte que j’ai participé à un projet exceptionnel. Mais sur le coup, pendant le tournage, je ne pensais qu’à faire le meilleur travail possible et à franchir les petits obstacles qui se trouvaient sur mon chemin. A présent que tout cela fait partie du passé, je peux me détendre, et apprécier en tant que spectateur les premiers plans achevés du film que l’on nous a projeté. Et là, tout ce que j’ai à dire, c’est « Wow ! » (rires)

Comment avez-vous travaillé avec Jeff Bridges pour développer la relation père-fils entre vos deux personnages ?

Nous avions d’abord déjeuné ensemble à Los Angeles pour faire connaissance. Puis nous sommes tous partis à Vancouver deux semaines et demie avant le début du tournage. Et chaque jour, les acteurs et le metteur en scène se retrouvaient tous les uns en face des autres pendant huit heures pour lire ensemble le script et envisager la manière de jouer les scènes. Nous déjeunions aussi ensemble et nous improvisions un peu pour voir s’il y avait la possibilité d’ajouter certaines nuances aux dialogues, afin de donner le sentiment de parler de façon plus spontanée. C’est ainsi que Jeff et moi avons procédé pour préparer les scènes entre Kevin et Sam Flynn.

Avez-vous trouvé que le tournage sur fond bleu était éprouvant ? Ce n’est pas facile de se retrouver sans vrais décors autour de soi…

Tout dépend de votre état d’esprit quand vous arrivez sur le plateau. Je savais dès le départ que la plupart des scènes qui se déroulent dans le monde virtuel seraient tournées sur fond bleu. J’avais donc pu me préparer mentalement à jouer ainsi, et en fin de compte, j’ai trouvé cette expérience plutôt amusante. Cela m’a rappelé ce que je faisais quand j’étais enfant, quand je jouais avec des copains. Il suffisait que l’on s’imagine être dans une situation, un environnement de western ou de science-fiction, pour que l’on ait l’impression de voir ces décors tout autour de nous. Quand on est enfant, on n’a pas le réflexe de brider son imagination. On peut facilement visualiser quelque chose qui n’existe pas et s’amuser beaucoup avec trois fois rien, pendant une journée banale. Un tournage sur fond bleu ressemble un peu à cela.

Quelle impression avez-vous ressenti en jouant le rôle principal d’un film pour la première fois ?

Par le passé, j’ai joué beaucoup de rôles secondaires, et quand j’étais sur le plateau pendant une heure ou deux, j’essayais par tous les moyens de rendre mon intervention la plus intéressante et la plus longue possible, en improvisant avec le script, de manière à ce qu’il reste quelque chose de mon personnage dans le film ! (rires) Je déployais toute mon énergie pendant ces moments-là. Cette fois-ci, comme Sam est le personnage principal, j’étais tous les jours sur le plateau, tout au long de la journée. Je me suis souvenu des propos d’autres acteurs qui racontaient comment ils avaient dû changer leur manière d’agir en abordant des rôles principaux, comment cela avait changé leur éthique de travail, leur focalisation, leur concentration. J’ai découvert que le plus important, c’est de préserver son énergie pour être prêt à tout donner quand on vous appelle devant les caméras. Dans certains cas, il peut s’écouler de 20 à 45 minutes entre deux prises du même plan. Une bonne partie de l’art de l’acteur de cinéma, c’est de se mettre entre parenthèse pendant se temps-là, en se reposant et en restant parfaitement concentré, prêt à bondir à nouveau dans la scène. C’est un vrai défi que de puiser en soi les réserves de force et de patience pour arriver au bout d’une très longue journée de travail, surtout en sachant que celle du lendemain sera tout aussi intense. C’est à la fois un challenge et une récompense merveilleuse quand vous avez le sentiment de vous être donné à 120%.

Comment décririez-vous le personnage que vous jouez, Sam Flynn ?

Sam est un jeune homme qui est hanté par la disparition de son père, Kevin Flynn, un célèbre créateur de jeux vidéo devenu patron d’une société appelée Encom. Un beau jour, Kevin Flynn disparaît sans laisser de trace et sans explication. Pour Sam, qui a une douzaine d’années à ce moment-là, c’est un choc terrible. Il pense que son père l’a abandonné. En grandissant, Sam s’endurcit et décide de s’éloigner de la succession de son père au sein d’Encom. Il tourne le dos à ces responsabilités et à toute l’aisance financière dont il pourrait bénéficier en tant que seul héritier de Kevin Flynn. Il décide de vivre dans un loft qu’il s’est aménagé, et de vivre de manière indépendante et solitaire. Comme son père, il est doué pour tout ce qui concerne la programmation et l’électronique. De temps en temps, il se souvient des histoires que son père lui racontait, enfant, pour l’aider à s’endormir. Des histoires d’un monde virtuel, situé dans un réseau informatique. Pour lui, ce n’était qu’un conte enfoui au fond de sa mémoire. Mais quand le film commence, Alan Bradley, un des meilleurs amis et collègues de son père, qui travaille toujours au sein d’Encom, vient trouver Sam pour l’inciter à ne pas tourner en rond. Alan est triste de voir que le fils de son meilleur ami est en train de gâcher sa vie. Alan révèle à Sam un indice étrange au sujet de la disparition de Kevin, et le jeune homme décide de mener sa propre enquête, qui va lui permettre de découvrir ce qui est arrivé à son père, de le retrouver, et de lui venir en aide.

Compte tenu que vous tourniez souvent sur fond bleu, de quoi disposiez-vous pour visualiser ce que donneraient les scènes une fois que les effets visuels seraient ajoutés ?

Joe Kosinski et son équipe de Digital Domain ont fait un fantastique travail de préparation de Tron l’héritage . Tout le film était dessiné sous la forme de storyboards ou prévisualisé grâce à des séquences animées en images de synthèse schématiques. J’avais la possibilité de voir ainsi les scènes que j’allais jouer pour comprendre ce que mon personnage faisait. Dans ces plans de référence, les personnages sont extrêmement simplifiés. L’effigie 3D de Sam ne me ressemblait pas vraiment. Mais on pouvait tout à fait comprendre ce qui se déroulait dans la scène et suivre l’action. C’était une aide précieuse. Ces prévisualisations sont étonnantes, car elles utilisent souvent des plans extrêmement larges, que l’on ne réussirait même pas à tourner sur le plus grand des plateaux de cinéma du monde. Mais comme tout est truqué, et filmé sur fond bleu, on peut jouer avec les objectifs placés sur la caméra pour faire croire qu’elle se trouve beaucoup plus haut que son emplacement réel. Tout ce qui vous reste à faire, c’est d’aller vous placer sur les marques dessinées sur le sol en gardant en tête non pas l’espace que vous voyez vraiment autour de vous, mais celui qui sera ajouté par la suite.

Quelles sont les cascades les plus difficiles que vous ayez faites ?

J’ai tourné souvent en portant un harnais relié à des câbles, pour faire des sauts très hauts ou des acrobaties. Le harnais est serré très fort autour de la taille, et il y a un support renforcé qui passe entre vos jambes. Les câbles métalliques sortent du costume de chaque côté du buste, entre le bas des côtés et le haut des hanches. Quand on vous soulève, vous restez naturellement la tête en haut, mais il vous suffit de vous pencher en avant en repliant les jambes pour faire une pirouette. Après, en vous redressant, vous pouvez à nouveau avoir la tête en haut. Il faut s’entraîner un peu pour y arriver, mais avec un peu d’habitude, cela devient presque naturel.

Comment se passe l’entraînement pour une telle cascade ?

Le superviseur des cascades vous explique bien la scène, puis on vous hisse à la hauteur souhaitée, et vous faites d’abord des essais de votre acrobatie à 50% de la vitesse et de l’intensité souhaitée. Une fois que vous avez bien pris vos repères, on répète la cascade à 75%, et si tout se passe bien, à 100%. Une fois que vous vous sentez à l’aise, on se prépare à tourner, et là, quand on vous dit « Vas-y à 110% ! », cela signifie que le superviseur des cascades estime que vous êtes capable d’y aller à fond, à la vitesse que vous voulez, sans courir de risque.

Etait-ce facile de jouer avec un costume aussi ajusté qu’une prothèse ?

Pas toujours. Les costumes ne sont pas inconfortables, mais simplement un peu fragiles. Ce n’est pas évident de faire un roulé-boulé en vous appuyant sur vos épaules alors que vous avez le volume du support du disque d’identité fixé entre les omoplates. Si vous ne faites pas attention, vous risquez de causer des dégâts difficiles à réparer, soit en déchirant la mousse de latex, soit en abîmant les bandes lumineuses ou leurs branchements électriques. Donc, tout en tournant les scènes d’action, il faut penser aussi à ménager le costume, ce qui n’est pas évident. Il faut rester bien concentré pour tout garder en tête, la chorégraphie de la cascade, le décor qui est sensé se trouver autour de vous, et le jeu de votre personnage par rapport au plan précédent !

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