BILL a écrit:Je crois que la popularité des superhéros est un truc qui existe depuis longtemps et qui va durer, au delà du fait que Hollywood s'est engouffré dans cette voie depuis 2000 (Le premier X-Men), parce que les effets spéciaux numériques rendaient possible des scènes qu'on ne pouvait pas bien restituer auparavant. Il ne faut pas oublier non plus que c'est à cause de la faillite de Marvel, et de sa reprise par Avi Arad (voir son interview sur le site) que tous les droits des superhéros maison ont été habilement vendus aux grands studios à peu près au même moment, d'où cette déferlante.
Règle d'or dans le cinéma commercial :
postulat : Le film existe en premier lieu pour gagner de l'argent.
conséquence : Donc le film doit s'adapter au spectateur.
inférence : Le spectateur change.
conséquence : Donc les films doivent changer.
(le marketting agit sur l'inférence pour freiner le changement sociologique naturel d'une génération et le pousser vers le chemin qu'on a tracé pour elle)Autrement dit : une "mode".
Il y a trop d'argent et de foyers qui s'en nourrissent en jeu pour remettre cela en cause, il faut donc préparer la suite au plus tôt pour ne pas revivre les angoisses des années 70.
Le fixisme ne peut exister que dans une niche de spectateurs forcément minoritaires. Il s'agit de plus d'un travers sociologique un peu plus complexe, qui necessiterait des largeurs hors de propos ici.
Donc les films de super-heros ne seront pas éternels dans le mainstream, c'est une certitude mathématique. (D'autant qu'ils constituent presque à eux-seuls le dit mainstream)
Cela en sachant que la survie d'un studio et de ses employés ne tient qu'à deux ou trois films par an
Certes , tous les premiers films d'une série dédiée à un superhéros se ressemblent un peu, puisqu'il s'agit de l'origine du personnage, mais en dehors de cela, quelle différence entre le traitement catastrophique et risible d'un Ghost Rider et celui, formidable d'un Spider-Man ou d'un Batman Begins ! Les films de superhéros ne sont pas à considérer ni a dénigrer dans leur ensemble, me semble-t'il, car si on y repense, ils sont vraiment extrêmement différents les uns des autres de par le traitement choisi par le réalisateur et l'équipe de production, et aussi de par les thèmes évoqués par le héros lui-même (le rejet de la différence chez les X-Men, les tourments de l'adolescence chez Spider-Man, la culpabilité et l'alcoolisme chez Iron Man, etc...)
Les premiers films, ça fait déjà beaucoup.
Au delà de 75% de remakes, et de remake de remakes, de recyclages, par an dans les multiplex, ça commence à gaver.
Il est pas super fréquent de voir des séries de plus de 2 films pour le moment.
Donc admettons que le premier film est toujours simlilaire quelque-soit le héros. Le second, maturation sur la base des conséquences du premier reste également sur le même archetype.
La différence se fera sur trois critère je pense, un peu comme tu dis :
1/ Le choix de la morale pète-couille qu'on établira comme conclusion au récit (conclusion qui n'en est pas véritablement une, puisque le cocnept est de ne pas en faire tant que ça gagne de l'argent). Personellement je n'attend pas qu'on me fasse la morale (à la mode "fermée" c'est à dire sans poser de questions au spectateur, donc à le rabaisser au statut d'écolier) sur "trahir ses amis c'est pas bien" (Hellboy) ou encore "la drogue c'est mal" (Spidey3), j'ai d'autres films un peu moins fast-food pour cela si le besoin se fait sentir d'être épaulé par une autorité morale.
2/ Le caractère du personnage : asocial limite nerd (Spiderman, Superman), bourgeois bourru au grand coeur (Batman). Des schémas très simples faisant apelle au spectateur qui se reconnaitra dans l'asociabilité du protagoniste (puisque ce sont des films avant tout pour adolescent, donc en mal de vivre etc., les autres ont de toute façon la scène de baston finale). Dans un autre genre (et encore...), le personnage de Néo dans Matrix était l'archétype idéal pour attirer le spectateur nerd, geek, adolescent, en difficultés avec la gente féminine, en échec scolaire, avec des complexes physiques, soudé sur sa carte mère et de gauche. (On le voit bien dans le film, mais sinon c'est cristallin dans la campagne publicitaire des Animatrix, mais, fort heusement, la suite a injecté un peu de perspective dans ce tableau, à partir de Reloaded, le film qui sauve la série à mes yeux.)
3/ Le type de film. Il y a une dichotomie très nette là : les films plan-plan qui essayent de faire sérieux (Spiderman, X-Men, Superman) et les films bourrins pas sérieux (Blade, Hellboy, Fantastic Four).
Le scénariste plan-plan essaye de faire un chef d'oeuvre de poèsie et de métalecture avec un grand message universel brechtien sur les relations entre les êtres humains dans la société post-moderne... à partir d'un mec qui a un seul oeil qui tire des lasers et d'un autre qui a le bout du doigt qui fait des fils collants. Donc evidemment c'est ridicule lorsqu'on est pas dans la cible, à moins d'avoir dégoté un scénariste extrêmement cultivé et philosophe ayant plus ou moins raté ce pourquoi il est rentré dans le cinoch. L'autre catégorie fait fi de ça, se conctente d'un concentré suffisant pour que les scènes se succèdent et fassent péter la barraque (un peu à la HK), à peu de frais en plus, parce que de toute manière, la grande philosophie kantienne, il y a d'autres films pour ça, ils en feront un autre jour (Tsui Hark).
les films peuvent être bons ou mauvais dans les deux catégories bien-sûr, mais la seconde sait ce qu'elle fait et la première veut faire autre chose.
Au final, et au vu des nombreuses sorties de ces films, il y a donc un appauvrissement exponentiel du cinéma américain de divertissement, en concomitance avec l'inflation budgétaire et mercantile. D'autant plus à présent que Pirates des Caraîbes (seule originalité de la décénie) est terminé. L'ère du recyclage en quelques sortes, le tri sélectif intellectuel, ce qui est par ailleurs un trait sociologique majeur qui laisse pas mal de personnes dubitatives sur le monde post-1991.
Il est dommage de voir ce qu'a donné, auprès du public, Da Vinci Code, une des très extrêmement rares productions à gros budget spécifiquement destinés aux plus de 40 ans. Ils sont pas près de retenter je pense, d'autant que Hollywood se torche avec son âge d'or depuis longtemps.
Il est évident aussi que ces BD qui évoquent de bons souvenirs d'enfance aux parents (enfin au père surtout!) permettent aussi de séduire les enfants, donc d'attirer un très large public familial.
Aux USA peut-être, maintenant si moi on me parle de film familial, j'avoue que je pense plus aux castors qui tappent la causette au père noel dans Narnia, à un indien dans la ville ou à Ratatouille qu'a la destruction d'un immeuble par une toile d'araignée géante avec un homme des sables voulant tuer tout le monde sur son passage.
Enfin familial quoi ^^
En France du moins, les Spidey et consorts sont des films que les collégiens et les lycéens vont voir entre potes le mercredi ou le samedi.
Personnellement, je suis ravi de voir les personnages que j'adorais enfant être adaptés avec des techniques modernes dans les films d'aujourd'hui.
Ouaip, mais overdose.
Si tout le Special Origine doit y passer, tu imagines l'horreur ?
L'industrie ressemblerait au monde d'Huxley.
L'intérêt de chacun, dont de l'industrie par ailleurs, serait de faire du compte-goutte, au lieu de dévorer le gâteau. On aurait la meme production quantitativement sur 20 ans, mais qualitativement la production anuelle serait plus importante, par vases-communiquant.
Les recettes aussi donc.
Mais il faut aller vite à cause de ce que j'ai indiqué au début du message. Tant que les cerveaux sont disponibles pour ça.
Je reprends ce que tu disais sur les budgets indécents: Spider-Man 3 a coûté 300 millions de dollars. Bon. Et alors ? Ce n'est pas de l'argent qu'on aurait pu utiliser pour faire d'autres films, comme tu dis, car c'est l'investissement que le studio Sony a mis sur la table pour rafler la mise et booster tous ses bénéfices pour l'année 2007. Sony est lié au sort de Spider-Man, puisque c'est leur plus grosse licence, et de loin.
Le problème est macro-économique. Ma critique est la même que celle d'Alan Moore.
Il est indécent dans notre monde d'aujourd'hui, où le gateau économique est mal partagé et où le 2/3 si ce n'est le 3/4 de la population mondiale creve ou crevera la faim (un euro capitalisé en europe = un mec qui mangera pas chez lui aujourd'hui) sur l'autel des idéologies occidentales de droite comme de gauche, de se divertir en jetant assez d'argent pour nourir le Bangladesh pendant des mois.
Si le résultat était à la hauteur, encore.
On a perdu toute notion de raison il y a quelques années à ce sujet.
C'est juste insultant. Surtout quand on voit que certains acteurs et actrices (ou reals etc.) demandent des dizaines de millions de $ pour continuer la franchise, faisant ainsi du chantage avec le studio. Tout ça pour pouvoir se faire un mattelat de billet ou se refaire les nichons tous les 2 ans.
Lucas a bien fait d'envoyer chier les nazillons ayant tenté le chantage avec lui après la Menace Fantôme... A leur grand desarroi.
Le pire c'est que si on met dle très cher Raimi sur du Spiderman c'est pour drainer un public de teenagers nouveaux cinéphiles tant il est évident qu'un film comme Spidey1 est à la portée de n'importe quel faiseur venu (qu'il soit bon ou mauvais). Le système marche ainsi sur la tête.
Et bonjour le lavage de cerveau avec les campagnes publicitaires de 150M$ de la Warner pour Peter Jackson... Gerbant, d'autant plus lorsqu'on voit ce qu'il a foutu avec ses DVD sur ses 4 derniers films. (d'autant plus nauséeux qu'une partie de nos impots y est, pusique la Warner a longtemps vampirisé les subventions du CNC)
Je ne suis pas collectiviste (même si je l'ai été par le passé), mais on peut être libéral ou soc-dem en gardant conscience des outils de régulation. L'appauvrissement culturel généré et la capitalisation des sommes est un problème. C'est un peu de l'anti-développement durable. Asphyxiant.
100M$ me semble etre un budget extrêmement élevé encore. (même si faible selon les standards actuels, et ce bien qu'on ai pu faire avec trois Star-Wars qui auraient couté 5 fois plus chacun avec une production un peu moins couillue).
A noter également que l'inflation a une conséquence plus perverse au sein même de l'industrie : Si les VFX permettent de faire plus, l'argent oblige à faire moins.
Des films sont ainsi infaisables pour des raisons de buisness-plan. Spielberg par exemple estime qu'il faudrait aujourd'hui mettre 800M$ pour refaire le même Lawrence d'Arabie. Une somme que le marché ne pourra jamais absorber, un investissement impossible à rentabiliser. A noter que du coup, on perd également notre savoir-faire (exemple : Cherchez un film de reconstitution historique sérieux et ambitieux français -une de nos spécialité locales- qui fut réalisé après la Reine Margot. Il n'y en a pas. Ou encore un film de guerre sérieux et intelligent réalisé après la sortie de Dien bien Phu. Il n'y en a pas non plus malgrès l'histoire plus que propice de notre pays pour cela.)
D'un autre côté, quand un Studio comme Fox investit un budget "raisonnable" de 110 millions de dollars dans un film comme Les 4 fantastiques et le surfer d'argent, on se rend bien compte que malgré les efforts des producteurs, et une gestion très intelligente de ce budget, il ne permet pas de donner l'ampleur voulue au film, qui fait un peu serré sur les bords, de tous les côtés. (je ne parle pas de la vision inapppropriée du réalisateur, ni du casting qui n'est pas parfait, c'est un autre problème).
Je connais un bon millier de films qui ont couté au moins dix fois moins que ça et sont cent fois mieux sur tous rapports, même dans le divertissement.
Cette vision nous a été imposée par le marché et par les écoles qui generent les serviteurs du marché.
La débilisation graduelle de la presse cinéma française ces 40 dernières années y est sans doute pour quelque-chose aussi. On peut y voir une complicité objective. Encore que ça concerne toute la presse artistique, mais on peut admettre que la press bédéphile par exemple pêche juste par bêtise là où Studio pêche par fourvoiement volontaire au service du capital (et d'autres comme Mad par incompétence maladive dès qu'il s'agit de sortir de l'hémoglobine -rendant la presse papier encore plus futile).
Même pour un film épique, la fameuse "ampleur", un bon realisateur n'a pas besoin de milliards de francs (ben vi, quand meme, ça fait un choc en francs).
Trois cheveaux, un pote qui fait la musique, et vous avez le plan le plus épique du cinéma américain.
Dans Conan le Barbare bien-sûr.
De toute façon les problèmatiques marcoéconomiques vont nous forcer a être moins dispendieux, autant s'habituer.
Donc, qui a raison ? Sony qui met le paquet pour faire un Spider-Man 3 de 300 millions de dollars, qui est un spectacle incroyable, ou Fox qui refuse les bugets "indécents" et ne mise que 100 millions de dollars sur les 4 fantastiques en n'arrivant presque jamais à récréer sur l'écran les visuels de la BD (excepté les scènes avec le surfer) ?
Ton opinion sur Spidey3 est loin d'être partagée, il ne s'agirait donc pas d'en faire un fait empirique servant plus d'argument que d'exemple.
Pour ma part, pour illustrer donc, mon opinion, totalement inutile certes, est que ce film est une daube incroyable, depassant mes pires cauchemards pendant la première heure, est pathétiquement visible ensuite pour finir, tout de même, avec un beau climax d'une vingtaine de minute voir moins. Le tout étant la deception de la décenie apres l'espoir qu'avait donné Spidey2 pour remonter le niveau de la franchise telle que abordée par le premier film.
Ah ben oui, donc on va éviter de faire des panthéons maintenant je pense.
D'un point de vue artistique, la question ne souffre pas le débat. Il est évident que la politique de la Fox est meilleure car pluraliste.
Si tant est que les 3 films que fera la Fox ne soient pas des remakes les uns des autres...